lundi 8 novembre 2010

Lettre d'Alerte à M.Saïd SAADI

Monsieur Saïd SAADI

Président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie

Monsieur le Président,

Vous venez d’effectuer une visite privée en Tunisie qui à votre insu, aura été, selon des sources concordantes, l’objet d’une récupération politicienne regrettable de la part de votre hôte. Par acquit de conscience, je voulais vous en tenir informé. Car, connaissant votre parcours militant au sein du mouvement démocratique algérien et la Ligue Algérienne des droits de l’Homme, j’ai l’intime conviction qu’un homme ayant combattu dans son propre pays, autant que vous, l’autoritarisme et l’ostracisme, ne saurait cautionner la culture de ces maux, chez un peuple frère voisin.

J’ai quitté la Tunisie en 2001 après y avoir été astreint à faire taire mes convictions politiques libérales. Au parti Social Libéral j’assumais la présidence de l’organisation de la Jeunesse (O.J.S.L), membre de la Fédération Internationale de la Jeunesse Libérale et Radicale, (I.F.L.R.Y). C’est après avoir appelé en 1997 avec la majorité des fédérations, pour la réforme du P.S.L, afin qu’il soit rehaussé au rang, dont il fut digne, c’est à dire un parti de l’alternance, que je me suis fait attirer les foudres du système. Dans cette conjoncture le ministère de l’intérieur multiplia les manœuvres extirpant le P.S.L de sa substance militante et finira par porter à sa tête en 2006 Mondher Thabet, un trotskyste, sans histoire ni légitimité, connu dans le milieu estudiantin, pour ses services rendus aux bourreaux de bureau, la police politique, durant les années de braises.

Je me permets aujourd’hui de vous adresser cette missive, car consterné par la récupération politicienne discourtoise ; dont fut l’objet votre visite, présentée, sans scrupule par votre hôte, Mondher Thabet, comme l’expression d’un satisfécit que votre parti, le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (R.C.D), aurait décerné au régime tunisien. Certes, ces manœuvres démontrent si besoin est, l’agonie d’une dictature minée par ses crises et contradictions intrinsèques, confiant, contre avantages de natures diverses, aux plus « assoiffés » parmi ses inconditionnels, la tâche de lui refaire une face !



Pourtant, il n’y a rien de caché ni d’ambiguë sous le soleil tunisien. Depuis le coup d’Etat militaire du 7 novembre 1987, le régime Tunisien fait office d’un système liberticide. C’est un fait avéré, régulièrement rappelé et confirmé dans les rapports des organisations internationales (Human Right Watch, Amnesty Internationale, FIDH, etc....) en charge des droits humains. En Tunisie les libertés d’expression et d’association sont réduites à peau de chagrin. La magistrature y est domestiquée et l’administration soumise depuis un demi siècle aux ordres du parti au pouvoir. Un parti n’ayant rien à envier aux comités staliniens de l’ex Europe de l’Est. Dans la Tunisie de sieur Thabet, lorsqu’on est réellement démocrate, on s’engage à courir le risque de se retrouver reclus dans les ténèbres des sous-sols jalousement entretenus par le système pour y faire découvrir à sa dissidence réelle les pratiques moyenâgeuses de la torture physique et psychologique....

Néanmoins, 23 ans après la mise à sac de la société civile tunisienne par la dictature du 7 novembre 1987, votre hôte, Sieur Thabet, trouve de quoi vous raconter son admiration pour le système qui fit de moi, depuis une décennie, un Exilé. C’est bien la preuve que sieur Thabet trouve largement son compte chez la tyrannie. Faux libéral, cet individu, dont la mission première serait de parasiter les derniers remparts de la société civile Tunisienne, au prix d’une promotion sociale négociée aux frais et dépens du contribuable, s’est déclaré depuis quelques jours, partisan d’une abrogation constitutionnelle octroyant au Général Zine El Abdine Ben Ali une mandature à vie. Voici, Monsieur Said Saadi, à mon corps défendant, le portrait intime (réel) de sieur Thabet.

Enfin il m’est regrettable, d’apprendre que des pourparlers auraient été entamés à l’initiative de votre hôte et son épouse, en vue de vous associer à un projet s’inscrivant, officiellement, dans la dimension maghrébine. Le Maghreb démocratique, que nous appelons de nos vœux, vous en conviendrez, n’est pas une entreprise que l’on pourrait construire avec le concours des inspirateurs zélés d’une répression policière hypothéquant au peuple tunisien, depuis une vingtaine d’années, ses droits citoyens élémentaires. Aussi, connaissant ce personnage et ses thèses négatrices des droits culturels des minorités Berbères et Amazigh de Tunisie, je ne crois pas qu’il soit une relation crédible avec laquelle vous pourriez développer des projets participant d’une vision démocratique du Maghreb des cultures et de la diversité.



Dans l’attente de vous lire je vous prie de croire Monsieur Saïd SAADI en mes sentiments de très haute estime et les plus dévoués



Paris le 8 novembre 2010

Lassad ZITOUNI

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