Kamel Jendoubi, refoulé du Maroc car opposant en Tunisie ?
Kamel Jendoubi devait être l’invité de marque d’une réunion des défenseurs des droits de l’homme au Maghreb, organisée à Rabat. Il sera retenu dans l’avion qui l’amène de Paris jeudi dernier, devra passer la nuit dans l'appareil pour être refoulé vers la France ce vendredi. Plusieurs associations ont dénoncé la réaction des autorités marocaines qualifiée d'arbitraire, contre le militant tunisien, qui est aussi un imminent opposant au régime de Ben Ali.

Kamel Jendoubi avait été invité par l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) dans le cadre d’un séminaire des défenseurs des droits de l’homme au Maghreb. Président du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH) et du Comité pour le respect des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT), il devait en outre recevoir un hommage pour l'ensemble de son action.
Seulement, à son arrivé jeudi 30 octobre 2010 à l’aéroport de Rabat-Salé, la police marocaine empêche le militant tunisien de fouler le sol marocain, sans qu’aucun motif officiel ne soit formulé. Jendoubi, souffrant, passera la nuit dans l’avion, en compagnie d’un médecin, rapporte le quotidien Le Monde, et sera refoulé vers la capitale française ce vendredi.
De nombreuses associations de défense des droits de l’homme ont exprimé ce jour leur mécontentement par rapport à l’accueil qui a été réservé au militant tunisien. Dans un communiqué commun, certaines d'entre elles « expriment leur indignation face à une mesure injustifiée et injustifiable ».
En l’absence de motif officiel motivant le refoulement de Jendoubi, certaines indiscrétions révèlent que les autorités marocaines auraient agi sur « demande du régime tunisien », nous confie Amina Bouayach, présidente de l’OMDH. Cette hypothèse semble prendre tout son sens, quand on sait que le président du REMDH est aussi l’un des plus célèbres opposants au régime du président Ben Ali. Disposant de la double nationalité française et tunisienne il se serait même vu retirer son passeport tunisien en mars 2000, selon Le Monde.
Dans leur communiqué conjoint, le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), la Fédération internationale des Ligues des droits de l’homme (FILDH), la Ligue française des droits de l’homme (LFDH), le Comité pour le respect des droits de l’homme et des libertés en Tunisie (CRLDHT), et plusieurs autres ONG ont exigé des excuses de la part des autorités marocaines.
Pour sa part, l’OMDH a appelé à un rassemblement de protestation ce vendredi au théâtre Mohamed V de Rabat, apprend-t-on d’une source proche. La présidente de l’Organisation pour sa part, nous a déclaré que « le séminaire qui à la base allait être un séminaire d’hommage, deviendra un séminaire de protestation ».
Aux dernières nouvelles, Kamel Jendoubi serait arrivé dans la matinée à Paris, où il aurait également été interrogé et fouillé par la police française, nous confie encore Mme Bouayach. Son état de santé se serait amélioré, mais l’image du Maroc en termes des droits de l’homme aura été gravement ternie dans cette affaire. « Le Maroc était l'un des rares pays de la région où nous pouvions débattre des questions des droits de l'homme, c'est un coup terrible », déclare ainsi Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) dans le journal Le Monde.
Yann Ngomo
Copyright Yabiladi.com
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